Il y a la brune et la rousse. Dix-huit, dix-sept ans, bien dĂ©cidĂ©es Ă croquer la vie. Dans le quartier Maubert oĂč elles partagent leur pauvretĂ© dans une mansarde, elles travaillent pour une fabrique dâargenterie. Le dimanche elles dessinent dans la rue. Un jour, un jeune homme les accoste. Il entreprend lâune et lâautre. La fougue amoureuse de la rousse Victorine lâemporte, elle quitte son travail et, puisquâil est peintre, devient son modĂšle. Elle pose nue pour un DĂ©jeuner sur lâherbe novateur et scandaleux, franchit avec ardeur les Ă©tapes du plaisir tout en dĂ©couvrant dâun oeil dâartiste lâunivers pictural. Peu de choses sont connues des dĂ©buts de Victorine Meurent, modĂšle fĂ©tiche de Manet. Maureen Gibbon en fait une fleur du pavĂ© parisien, crayonne autour dâelle les conditions de vie des jeunes ouvriĂšres sous le Second Empire et lâatelier dâun peintre bourgeois en rupture de ban, prĂȘt Ă rĂ©volutionner la peinture. Salon feutrĂ©, brasserie Tortini : Stevens, Baudelaire, dâautres amis de Manet complĂštent le tableau. Mais lâessentiel tient dans lâĂ©volution dâune fille intelligente qui sort de son milieu et, surtout, dans les descriptions dĂ©taillĂ©s dâune passion charnelle : le dessous des jupons prend le dessus. On pouvait espĂ©rer davantageâŠ
Rouge Paris
GIBBON Maureen