Roulette russe

Léonore Queffélec est la fille de l’écrivain Yann Queffélec et de la grande pianiste Brigitte Engerer, décédée prématurément il y a dix ans, âgée de cinquante-neuf ans. Léonore a vingt-sept ans lorsque sa mère disparaît après avoir longtemps lutté contre un cancer. Brigitte Engerer a débuté le piano très jeune à Tunis, poussée par sa mère Maria Pink. Puis à Paris où elle entre au Conservatoire, et à Moscou où elle reste dix ans, élève de Stanislas Neuhaus, l’homme de sa vie. C’est un pur produit des écoles française et russe. Elle donne des concerts dans le monde entier, sa petite fille la suit partout, a une scolarité hachée. Leur relation est fusionnelle, l’enfant vit au rythme des adultes, va aux concerts le soir, puis dîne avec les musiciens. Elles parlent toutes les langues. Elles calment leurs angoisses respectives. La fille protège sa mère, écoute sa musique et est emportée dans le tourbillon d’une femme passionnée. Et c’est cette passion qui ressort dans ses interprétations de Chopin, Tchaïkovski ou Schumann. La jeune femme raconte avec un incroyable talent, d’une écriture légère, pleine de vie, cette existence partagée exceptionnelle, et le vide qui s’ensuivit après la mort de l’immense artiste. « J’ai eu la chance de connaître une fenêtre imaginaire vers d’autres horizons. Pour moi, elle s’appelle Maman ». (A.M. et B.T.)