Pour les deux tiers, cet ouvrage est la réédition d’un livre paru en 1990. Cette année-là, Jil Silberstein avait effectué une mission humanitaire en Roumanie, juste après la chute de Ceausescu, se proposant en même temps de retrouver ses racines familiales et d’enquêter sur la réalité roumaine. Selon l’auteur même, le document n’avait suscité qu’un « médiocre intérêt ». À l’occasion du vingtième anniversaire de la révolution roumaine, il enrichit son premier texte des notes prises au cours des deux séjours ultérieurs, en 1999 puis en 2009.
Composé de témoignages, de « choses vues », de rappels chronologiques et de documents divers, il met en évidence le caractère destructeur et pervers du régime de Ceausescu et ses séquelles durables. L’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne ne semble pas, malgré les progrès accomplis, avoir beaucoup modifié le climat de désillusion et de frustration constaté vingt ans auparavant. Bien qu’un peu fastidieux, en raison même de sa forme, le livre apporte incontestablement un éclairage intéressant sur le pays. Le regard de l’essayiste- chroniqueur, directeur d’une revue d’anthropologie culturelle, né en France et vivant en Suisse, est lucide et son émotion communicative.