1921. Désigné par sa famille quasi ruinée pour tenter sa chance en Amérique, Wadi débarque à Fort-de-France. Cloué sur place devant l’absence de gratte-ciel, il se fait alpaguer par Fanotte, jeune femme au verbe haut, aussi belle que noire. Tétanisé et exténué, il la suit jusqu’à sa cabane sommaire. Tout en le gardant sous son aile, l’extravagante Martiniquaise au grand coeur finit par le conduire auprès de ses compatriotes, tous commerçants, établis rue des Syriens. Modeste mais obstiné, Wadi affronte les épreuves sans jamais se décourager et réussit, dans une société pourtant cloisonnée, à se faire des amis partout. Le talentueux conteur du monde créole (La jarre d’or, NB novembre 2010) aborde une nouvelle page d’histoire : l’arrivée des Syriens à la charnière des XIXe et XXe siècles. À travers les tribulations de Wadi et ses rencontres avec quimboiseuses, crieurs, marchands, colporteurs, Raphaël Confiant évoque avec humour l’intégration des Levantins. Tout en rappelant combien la question de l’identité est sensible, il souligne qu’en Martinique croyances, religions, origines finissent par se mêler et s’estomper au profit de la créolité. Personnages attachants et généreux, parler inventif, épicé et gouailleur : un roman hautement réjouissant dont on aimerait lire une suite, discrètement suggérée.
Rue des Syriens
CONFIANT Raphaël