À vingt-quatre ans, diplômée d’esthétique, Barbara aime encore les poupées. La nouvelle est dans son sac quand, dans le square qu’elle traverse, elle est violée de façon brutale et obscène ; et tandis qu’on profane sa virginité, Barbara s’évade dans les yeux de porcelaine. Le choc réveille ce qui était tapi dans « les sables mouvants de ses souvenirs » et fait naître Barbie, double maléfique auquel le capitaine Percolès se confronte après une série d’agressions barbares perpétrées sur des hommes. Leur rencontre sera-t-elle leur perte ou leur rédemption ? Douter de la réalité des personnalités multiples est une erreur que ne commet pas l’auteur de Potens (NB septembre 2010). Ingrid Desjours plonge dans l’antre sordide de la folie psychotique, ne négligeant ni les ravages psychologiques d’une enfance abîmée, ni les détails meurtriers qui en résultent. Elle travaille sur l’étouffement familial, la décompensation où s’effondrent les garde-fous des pulsions et sur l’altération de l’image de soi. Les mêmes éléments sont à l’origine des sentiments autodestructeurs du policier qui convoque la mort dans ses souvenirs comme à la roulette russe. Le vertige hypnotique de l’horreur à l’oeuvre dans ce thriller, joint à une psychologie un peu outrée, peuvent captiver ou lasser.
Sa vie dans les yeux d’une poupée
DESJOURS Ingrid