Le rigide capitaine Twain navigue sur l’Hudson à bord d’un bateau à vapeur sur lequel son propriétaire a disparu mystérieusement. Lafayette, un libertin, réfute l’hypothèse de la noyade et se plonge dans les carnets de son frère et l’ouvrage controversé de Beaverton sur les mystères du fleuve. Le reste du temps, il est pris d’une frénésie de conquêtes. Twain recueille sur le pont une sirène blessée par un harpon, la cache dans sa cabine, la soigne ; et bientôt, complètement envoûté, il néglige son commandement, délaisse l’amour de sa vie, s’enfonce dans les eaux profondes à la suite de la créature…
Un fascinant voyage, à bord de la Lorelei, une plongée dans un monde ou réalisme et fantastique s’imbriquent. Les protagonistes ont une réelle épaisseur, partagés entre des sentiments dictés par la raison, la passion, leurs fantasmes. Ce gros roman graphique aux nombreux flashes back, dense, truffé de références à la mythologie, aux contes et autres récits, insère entre les chapitres cartes maritimes du trajet et coupures de journaux. Associant des visages simplifiés, très « bédé », à un décor travaillé, le dessin noir et blanc, au crayonné charbonneux, est séduisant et participe pleinement à l’atmosphère chargée de mystère. Gare au chant des sirènes.