En Suisse, Jérémie est apprenti éleveur et fait sa première saison sur l’alpage avec Michel, vieux paysan bougon avide de tranquillité, dont il conquiert difficilement l’estime. En Angleterre, Annie est une gamine rebelle qui aime provoquer les garçons à la sortie de son collège d’une banlieue déshéritée. Elle est prête à tout pour ne pas finir comme sa mère, inactive, sans ressources et alcoolique. Dans ce premier roman, Bertrand Schmid, enseignant à Lausanne, entrelace deux histoires sans jamais les faire coïncider : situations sans liens entre elles, contextes géographiques et sociaux éloignés. Seuls le découpage chronologique (mois par mois de mai à décembre), la prédestination au malheur des acteurs de chacun des récits et la progression dramatique vers la ruine de leurs espoirs créent un semblant d’unité dans ce diptyque singulier. Les personnages ont rêvé leur avenir, mais à la croisée des chemins ils se heurtent au monde réel, à ses hasards, à sa violence. L’impression de malaise étrange et de frustration, est renforcée paradoxalement par un talent manifeste pour créer des atmosphères sombres et désespérées quel qu’en soit le décor : bucolique, pur et sain d’un côté, ou urbain, sordide et destructeur de l’autre. (T.R. et B.V.)
Saison des ruines
SCHMID Bertrand