À lire le titre, on attend de cet album qu’il aide à apprivoiser la peur. Le collectif Yokoland met en scène une vingtaine de situations où enfants et adultes sont en proie à cette émotion, les animaux même n’y échappant pas.
Style épuré très graphique, images colorées, changement de rythme assuré par l’alternance page-double page, l’accent est mis chaque fois avec justesse sur l’expression du regard. Les oiseaux ont peur du chat, les chasseurs, de l’ours, les enfants, des gros chiens. Une phrase ponctue, sans commentaire, ce que décrit l’image, traitant de la même manière dangers réels et dangers imaginaires. À ce répertoire banal de la frayeur, le texte n’impose pas de limite conceptuelle et confond peur et jalousie (la peur de voir sa soeur favorisée), peur et dépit (quand on n’a pas une maison assez jolie), peur et angoisse d’abandon (quand tout est désert autour de l’immeuble), peur de la vie, etc., pour conclure abruptement à son utilité, sans plus d’explication. La lecture de cet album ne risque-t-elle pas d’introduire du flou dans l’esprit des plus inquiets ?