Sangliers

DELSAUX Aurélien

Au hameau des Feuges, entre Rhône et Alpes, s’est installée avec le temps une population hétéroclite : anciens du village, familles trop pauvres pour la propriété urbaine, un sculpteur, un prof de lettres… deux groupes sont mis en évidence : la famille du « Chef », féroce et bouffi d’alcool, sa femme, la Grosse, et leurs trois enfants dont on suit l’évolution ; en contraste, Sylvain, gentil veuf qui veut devenir maraîcher, et sa fille Louise. On découvre des lieux variés, attirants, chargés d’histoire, alors que l’avenir, dans les conversations au bistrot par exemple, s’annonce porteur d’angoisse et de violence.  Le temps passe… c’est la dernière élection présidentielle ; la haine s’attise des rêves déçus. L’évolution des mentalités est minutieusement décrite, ainsi que les obsessions et troubles divers du comportement (Madame Diogène, NB novembre 2014) ; les jeunes qui grandissent ne connaissent pas de limites, leurs monologues intérieurs sont inquiétants. Des indices symboliques, à la limite du fantasme, comme l’afflux des sangliers, un amour de la chasse qui est celui du meurtre. Entre la beauté des paysages et l’ordure générée par les humains, on s’attend à une apocalypse. La légende du pays survivra-t-elle à la barbarie de ses nouveaux habitants ? (E.B. et A.Be.)