Sans garde-fou

HENRY Françoise

En pleine nuit, Sonia est réveillée par un appel téléphonique. À cette heure-là, ce ne peut être que « lui », André, cet homme bizarre dont, en qualité d’assistante sociale, elle s’est occupée avant de n’en avoir plus aucune nouvelle. Dérangeant et envahissant, il avait fini par lasser son voisinage et s’était progressivement clochardisé, devenant comme fou. Sans doute avait-elle manqué de prudence, en l’invitant au restaurant, en lui donnant son numéro… Il voulait l’épouser et elle avait fui, mais maintenant elle est inquiète et part à sa recherche. Les souvenirs remontent… En plus de Sonia, Mme C. est la narratrice de cette histoire. Elle prête sa voix à l’auteur (Plusieurs mois d’avril, NB novembre 2011) pour décrire les brefs échanges que les uns et les autres, ses voisins, ont eus avec Mr A. (André). À dessein, chacun n’est désigné que par une initiale : ils sont à la fois anonymes et solidaires dans leur jugement et leur difficulté à accepter cet homme-là. Dans un style sobre et vivant, l’écrivain fait entendre leurs regrets, leurs faux-fuyants, leur mauvaise conscience. Elle pointe leur indifférence face aux préoccupations parfois enfantines de Mr A. : un drame ordinaire de la solitude et de la misère urbaines.