Elle l’a bien mérité, Véronique, sa retraite d’Intermarché et son cadeau de départ : une semaine à Sousse. Dommage, sans Bernard. Plombier à la Sogeco, il n’a que cinquante-six ans. Ces deux-là s’aiment, c’est évident, depuis des lustres. Véro à peine partie manque déjà à Bernard, resté seul en Seine-et-Marne quand la sonnerie du téléphone déchire l’absence. Loin, en Tunisie, Seiffedine a grandi, élève appliqué, étudiant longtemps brillant. Amoureux désillusionné il a déserté ses cours… « Ici, le quai d’Orsay » a dit la voix dans le combiné»… C’est un roman inspiré de près par l’actualité brûlante qu’a écrit Arthur Dreyfus (Correspondance indiscrète, NB mai 2016). Deux trajectoires, deux cultures, un cadre, le monde tel qu’il va, un lien, un « effet papillon ». L’auteur entre au plus intime, dans le corps, le coeur et les idées de ses protagonistes très présents. Simplement, avec réalisme, justesse et tendresse. Il y a de la mélopée dans son ton large, rapide, exact. Elle musarde, s’amuse parfois, coule, touche le lecteur, l’entraîne jusqu’au creux des souvenirs des personnages, réflexions denses, citations fugitives, sensations visuelles ou sonores. Et le plonge, ému, pensif dans les vies subitement brisées. (E.G. et C.R.P.)
Sans Véronique
DREYFUS Arthur