Dans l’Australie du XIXe siècle, la famille Thorhill jouit d’une situation prospère appréciable, grâce au talent du père, ancien déporté anglais, et à celui de sa seconde épouse, acharnée à faire disparaître toute trace du passé et farouchement raciste. Sarah, jeune fille précoce et intelligente quoique peu instruite, bouscule le rythme tranquille des ambitions familiales. Amoureuse d’un métis sans fortune, elle se plie à la rigide règle sociale, épouse un propriétaire irlandais, semble résignée… mais le passé n’est pas loin et Sarah prendra en charge la résilience des crimes passés. Sur une agréable trame romanesque, ce tableau de la vie des pionniers anglais dans la Nouvelle-Galles-du-Sud retrace le parcours de familles blanches empiétant sur les terres des indigènes et les massacrant volontiers. Les aventures sentimentales de l’héroïne, son audace, sa fragilité et sa générosité se révèlent sous une forme naïve, sensible et attachante. Le cadre historique qu’affectionne Kate Grenville (Le lieutenant, NB février 2012), la vie de famille codée, la rudesse des moeurs des colons et des natifs sont décrits de manière vivante. Un détour par la Nouvelle-Zélande clôt opportunément ce récit un peu mièvre.
Sarah Thornhill
GRENVILLE Kate