Sartre et la Citroneta

ELECTORAT Mauricio

Pablo, Chilien exilé à Paris, doit retourner à Santiago pour enterrer sa mère. Une vingtaine d’années auparavant, dans les années quatre-vingt, lycéen, pas révolutionnaire pour deux sous, il fut progressivement embarqué comme militant par les partisans d’Allende. Aujourd’hui, il sait comment Nelson, qu’il a « confessé » à Paris au cours d’une beuverie, autrefois embarqué, lui aussi, mais pour Pinochet, l’a dénoncé. Les souvenirs d’adolescence de Pablo émergent à l’occasion de ce premier retour au Chili.

 

Avec humour et dans l’ironie, Mauricio Electorat évoque des scènes désopilantes ou tragiques : distribution de tracts en « Citroneta » (la 2CV), rédaction de fausses lettres de Sartre ou Montant pour galvaniser les poètes révolutionnaires, fugues, arrestations et trahisons. Le jeune et riche bourgeois communiste et le « pauvre et laid » militant de droite, lauréat de la Fondation Pinochet, sont dans une symétrie qui met en relief l’aspect dérisoire de certains engagements politiques. Une construction complexe, sur plusieurs époques menées de front, un récit dialogué au style alerte et changeant font un livre drôle, une extraordinaire caricature de la politique sans en gommer les sombres aspects.