Saudade

DELFINO Jean-Paul

Brésil, 1840. Chico Zumbi, esclave aveugle et estropié à force de tortures, vit dans une fazenda qui produit du café. Sa fille, Marina, emprisonnée à tort à Rio durant dix ans et qui a perdu sa trace, est recueillie à sa sortie par Rosa, une lingère généreuse et forte en gueule. Dans le quartier misérable où elles habitent, Marina sauve par hasard la vie du fils de Dom Ignacio, propriétaire de la plantation où Chico est retenu. L’héritier, déchu et homosexuel, la rend mère d’une petite Isaure et l’abandonne. Huitième épisode d’une saga consacrée au Brésil, Saudade, qui se déroule sur cinquante ans, suit Brasil, mais peut se lire indépendamment. D’une belle écriture ample et sensuelle, Jean-Paul Delfino fait partager la vie de multiples personnages. Il évoque la modernisation rapide du Brésil, le règne chaotique de Dom Pedro II, intelligent mais faible, et les conflits sociaux qui aboutiront à la fin de l’empire. Les histoires s’entrecroisent sur un fond vivant, bruissant de couleurs, d’odeurs, de saveurs et de sons. La condition des Noirs tient le devant de la scène avec les questions récurrentes de l’esclavage, du racisme et de l’exploitation. Un livre dépaysant, bien documenté, peut-être un peu trop long.