Ce sont les thèmes de l’absence, de l’attente, de la destruction qui habitent ces Scènes de vie villageoise où le silence répond à toute interrogation. Village imaginaire fondé par des pionniers avant la création de l’État d’Israël, Tel Ilan sert de cadre commun aux sept premières nouvelles de ce recueil dont les personnages amputés d’une partie d’eux-mêmes semblent stagner, sans véritable lien entre eux, dans un présent fantomatique. Disparitions et abandons inexpliqués se succèdent. La femme du maire s’éclipse, une tante attend en vain un neveu très aimé… Et la ruralité du bourg s’efface devant la spéculation immobilière. Aucun dénouement ne vient clore ces courtes scènes de vie angoissantes dont les chutes sibyllines laissent pour le moins perplexe. Dans la huitième et dernière nouvelle, parabole de la fin tragique d’Israël, un cataclysme engloutit un village énigmatique. Selon que l’on a un esprit plus ou moins rêveur ou cartésien, on se laisse envoûter et émouvoir – ou non – par la magnifique écriture de ce maître de l’indicible (Imaginer l’autre, entretiens avec Clémence Boulouque, NB décembre 2008) et par la nostalgie qui plane sur cette histoire allégorique de la Terre Promise.
Scènes de vie villageoise
OZ Amos