Lors d’une séance photos pour un magazine, Mathilde, photographe de vingt ans, fille d’un chanteur célèbre, est brutalement violée par un prix Nobel de la paix, au-dessus de tout soupçon et lui-même en deuil de sa fille. Le souvenir de cette agression la torture, c’est pour sa famille qu’elle a accepté de ne rien révéler aux médias. Elle entretient une liaison difficile avec un architecte égyptien, devient urbaniste diplômée. La naissance d’un enfant ne cicatrise pas le passé et le scandale finit par éclater, atteignant son fils adolescent. Le mouvement #MeeToo et ses révélations afférentes ont sans doute inspiré Mazarine Pingeot (Magda, HdN mars 2018) pour ce roman philosophico-psycho-politique. L’humiliation du viol est analysée de manière compulsive, le style se veut haché, fébrile, répétitif. À la fois soutenue et encombrée par sa famille, l’héroïne, une femme humiliée, obligée au silence, a bien du mal à conquérir sa liberté et assumer sa maternité. L’intrigue voyage brièvement au Caire, à Alexandrie, dans la maison méridionale d’une bonne grand-mère. L’essentiel du récit se passe dans le milieu bobo parisien, avec son impertinence, son libertinage facile et ses convictions politiques qui renvoient aux origines de l’auteur. On lit son roman sans déplaisir. (M.Bi. et M.W.)
Se taire
PINGEOT Mazarine