Sentinelles

WAJSBROT Cécile

Il est vingt heures ; le gardien du Centre Pompidou surveille sur ses écrans de contrôle la montée des invités au vernissage d’un artiste vidéaste. D’autres écrans attendent les visiteurs ; sur ceux-ci, passent des foules, sentinelles de la vie. Les conversations vont bon train et chacun y va de ses commentaires, prétendant éclairer le sens donné à toutes ces images par l’artiste. Survient un incident : le ralentissement des images, puis l’arrêt complet, l’obscurité totale. C’est l’affleurement d’un autre monde, sans repères : l’immobilité des gens, le silence soudain, l’impatience laissant place peu à peu à une hyper conscience de soi et des autres. Passée la déstabilisation provoquée par ce récit entrecoupé de bribes de conversation, de réflexions anthropologiques, de considérations sur l’art, de digressions métaphysiques, la lecture peut se poursuivre mais demande une attention soutenue : c’est un portrait plutôt intimiste de l’artiste que brosse Cécile Wajsbrot (l’Ile aux musées, NB octobre 2008), mettant en lumière la vacuité de ce monde très fermé et de ses codes. La confidentialité de certains propos retranscrits cherche à faire entendre une musique, certes bien contemporaine, mais quelque peu irritante et pour le coup peu planante.