Seul le grenadier

ANTOON Sinan

Jawad appartient à une famille chiite de Bagdad. Ils sont laveurs de corps de père en fils,métier très important dans l’islam chiite et sunnite où l’on purifie les morts selon un certain rituel avant de les enterrer. Mais lui choisit d’entrer à l’Académie des Beaux-Arts au grand regret de son père. La guerre avec l’Iran, celle du Koweït, puis l’invasion américaine l’obligeront à reprendre le métier ancestral.   Sinan Antoon a quitté l’Irak dans les années quatre-vingt-dix. Aujourd’hui professeur à la New York University, il décrit une société traditionnelle totalement détruite par le pouvoir despotique de Saddam Hussein et par les guerres successives dans lesquelles il a entraîné son peuple. C’est la vie d’un Irak en voie de destruction où l’obscurantisme, envenimé par les idéologies politiques et religieuses, les meurtres et les pillages sont quotidiens. Les crimes, attentats, voitures piégées, les membres déchiquetés et cadavres innombrables hantent les cauchemars récurrents du héros tandis que la mort, palpable, est partout. Plus qu’un roman, on a là un témoignage poignant sur un pays qui a perdu son âme, son coeur et son corps. Empreint de désillusion, le style, fluide, poétique, distille une désespérante tristesse. (A.M. et D.D.)