Seuls le ciel et la terre

En 1927, Adèle revient à Rock Springs, petite ville minière du Wyoming dont elle s’est brusquement enfuie quarante ans plus tôt. Jeune fille, elle y avait rejoint son frère, dans l’espoir d’une existence meilleure. Elle avait découvert un lieu sec et désertique qui n’avait rien de mieux à offrir que des emplois dans les mines, déjà occupés en majorité par des émigrés chinois. La rancoeur et la haine des habitants envers ces étrangers n’empêchent pas Adèle de se porter à leur secours au risque de sa vie quand surviennent les émeutes sanglantes de septembre 1885. Après Les Hommes perdus (NB août septembre 2008), premier roman remarqué, l’auteur sino-américain s’appuie sur des faits historiques pour brosser le portrait d’une femme courageuse et indépendante qui n’hésite pas à défier les préjugés raciaux. Assemblant peu à peu les fragments du passé dans une construction subtile, il peint la rudesse des conditions de vie, la violence des hommes face à la tolérance incarnée par son héroïne. Mais ses personnages n’ont pas toute l’épaisseur humaine que demandait le sujet. On s’intéresse en effet davantage à ces événements peu connus, liés à l’immigration chinoise aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, qu’à la partie romancée.