Une jeune femme fuit après avoir tué son amant, richissime homme d’affaires dévoyé, qu’elle avait auparavant revêtu d’une combinaison en latex et ligoté su une chaise. Dans l’avion qui l’amène très loin, en Australie, elle tente, tout en éclusant un magnum de champagne, de se persuader d’abord que rien n’est arrivé, ensuite qu’elle a agit par amour. Arrêtée, elle analyse froidement leurs relations sado-masochistes. Avec le consentement de son mari, elle se fait pourvoyeuse de filles consentantes et metteur en scène de plaisirs dépravés. Elle se montre lucide dans l’analyse des faits mais inconséquente dans l’action. Elle ne regrette rien.
Régis Jauffret (Lacrimosa, NB octobre 2008) prend soin de préciser en préambule que tout roman est une fiction, alors que celui qu’il signe ici rappelle un fait divers réel : l’affaire Stern. Paradoxalement, il est difficile de croire à la véracité de deux des personnages; l’amant paraît fabriqué, le mari inconsistant. L’atmosphère malsaine, glauque, et la totale amoralité créent un réel malaise, renforcé par le style saisissant – phrases brèves et hachées. Des amours vraiment sulfureuses…