Shy est un adolescent à fleur de peau. Ses accès de violence le conduisent dans un manoir du XVIIe reconverti en centre pour mineurs à problèmes. Il y est entouré et il nourrit pour la musique une passion exclusive, mais rien n’y fait : ses démons ou plutôt ses cauchemars l’empêchent de trouver l’apaisement auquel il aspire.
Ce court roman est un entrelacs de monologues haletants de Shy – des pages entières qui ne sont qu’une seule longue phrase -, et de conseils bienveillants des éducateurs, sous-tendus par sa relation aimante mais compliquée avec sa mère, et la tension agressive de ses rapports avec les adolescents qui croisent sa route. La prose sombre, saccadée et oppressante est au plus près des blessures, des remords, de la conscience aiguë qu’a le jeune de son existence. Le rythme créé par les changements de points de vue, de temporalité mais aussi par les variations de style, de typographie et de mise en page plongent le lecteur dans cette période si douloureuse de l’adolescence, faite de trop-pleins mais aussi de vide et de solitude. Le résultat est remarquable et bouleversant. (P.M. et P.H.)