Ouvert en 1939 au nord de Berlin, réservé aux femmes, le camp de concentration de Ravensbrück reçut d’abord deux mille prisonnières, presque toutes allemandes : communistes, témoins de Jéhovah, Juives (10%) et « asociales ». Entre 1940 et 1945, l’Europe paya un lourd tribut féminin au nazisme : environ cent trente mille femmes y furent déportées et utilisées comme main-d’oeuvre servile ou comme cobayes. La majorité mourut sous les coups, de faim, de froid, dans l’indifférence générale. Libéré par les Russes, Ravensbrück vit sa mémoire confisquée par le stalinisme, après que la majorité des archives eut été brûlée par les tortionnaires en déroute. Dans sa conception, son évolution et sa mémoire, Ravensbrück reste unique. Grâce à d’innombrables documents (lettres, témoignages de survivantes, minutes de procès…), Sarah Helm retrace mois après mois six années d’horreur. Son essai a l’immense mérite d’ouvrir une perspective inédite sur la déportation féminine, hors Shoah, sous le nazisme. Elle nous apprend combien les chiffres et leur interprétation restent flous, le camp n’ayant fait l’objet d’aucune étude complète. L’incroyable masse de données accumulées par la journaliste aurait certes gagné à être fortement élaguée et mieux synthétisée. Son travail reste néanmoins intéressant et courageux. (A.Lec.)
Si c’est une femme : vie et mort à Ravensbrück
HELM Sarah