Bucarest, automne 1989, dictature de Nicolae Ceauşescu. Cristian, lycéen de 17 ans, est convoqué par la terrible police secrète, la Securitate, suite à un banal échange de timbres. Soumis au chantage, il accepte de devenir informateur dans l’espoir d’obtenir des médicaments pour son grand-père et de lutter contre le régime de l’intérieur. Quand le bloc des pays de l’Est se fissure, il est en première ligne des manifestations…
L’autrice, d’origine lituanienne, sait reconstituer, aidée d’une solide documentation, une période historique douloureuse et y mêler une histoire individuelle prenante : la déportation en Sibérie avec Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre, l’Espagne de Franco avec Hôtel Castellana. La narration efficace en courts chapitres rend palpable la faim, la peur et surtout la suspicion généralisée, le lecteur se prend lui aussi à douter de tous. Cristian est un espion lui-même espionné et qui essaye de transmettre des informations aux États-Unis, spirale vertigineuse. Les thèmes de la culpabilité, de la trahison sont évoqués avec force. Les personnages secondaires, nuancés, sont intéressants : Liliana l’amoureuse, Bunu, le grand-père dissident et philosophe, Cisi, la sœur aimante mais ambiguë… Un roman intense et immersif qui révèle aux adolescents une page obscure de l’histoire récente, les questionne sur les choix de vie, les alerte sur la valeur et le prix de la liberté. Des photographies et une importante bibliographie complètent l’ouvrage. (M.-C.G. et C.B.)