Interpellé par le narcissisme de nos temps connectés, poussé par la curiosité et un certain goût de la provocation, l’écrivain s’imagine en écorché, à vif, réduit à l’essentiel ! Dans cette vision dépouillée il entraîne Rimbaud – celui des Illuminations – qui se perdit en Abyssinie, Hugo, qui dans les Châtiments sort de lui-même pour crier sa haine de l’Empereur et connut l’exil. Enfin Laforgue, « absent » de ses poèmes avec les mots étranges et obsédants des Complaintes, rejoint le cercle de ces poètes de l’effacement chers à l’auteur de Les récidivistes (NB février 2009). Les philosophes Barthes, Derrida, Blanchot, lui prêtent main-forte pour livrer la brillante exégèse de l’écriture poétique et de l’idée d’absence chez ces auteurs. Cet essai ardu, éclaté où se cumulent références littéraires et artistiques pointues, sémantique et construction sophistiquée, séduit par son intelligence, ses jeux de mots. Il relativise la place du moi dans l’inspiration littéraire et s’interroge sur celle de l’écrivain dans la société. (A.C. et C.Bl.)
Si je m’écorchais vif
NUNEZ Laurent