Si le froid est rude

BENYAHYA Olivier

Si l’intervention semble rĂ©ussie, une hĂ©morragie postopĂ©ratoire plonge le pĂšre de Joseph dans le coma. AprĂšs son rĂ©veil et trois mois de lente agonie, le Professeur annonce la fin de cet homme avec lequel son fils partageait peu de choses, si ce n’est la passion du foot. Un rĂ©veil de sentiments, tardif mais sincĂšre, occupe les derniers jours. LicenciĂ© en droit, Olivier Benyahya s’est fait connaĂźtre par un court roman tournant en dĂ©rision les pulsions racistes. À nouveau, il utilise une Ă©criture dĂ©sabusĂ©e, entre Ă©motion, cynisme et dĂ©sespoir oĂč la gravitĂ© cĂŽtoie la lĂ©gĂšretĂ©. L’exposĂ© dĂ©tachĂ© des visites hospitaliĂšres et les nombreux liens familiaux et amicaux sont traversĂ©s par les fantasmes, quelques navrantes soirĂ©es et, en toile de fond, les souvenirs et le vide laissĂ© par la rupture amoureuse avec la femme aimĂ©e, accentuĂ©e par le retour temporaire de celle-ci. Le « bon, voilĂ  » qui clĂŽt le rĂ©cit Ă©voque bien le ton du livre, des dĂ©parts inĂ©vitables et acceptĂ©s. L’émotion, la douleur et une certaine ironie grinçante sont ponctuĂ©es par la tendresse d’un geste, le poids d’un regard. De ce livre Ă©manent des sentiments contradictoires tant il y a de chapitres Ă  savourer et de pages sans grand intĂ©rĂȘt.