Au milieu des années quatre-vingt, dans une masure sur une colline jouxtant un village mexicain, vit une famille avec sept enfants. On s’y dispute les « quesadillas », nourriture des pauvres, en s’injuriant. Dans la confusion créée par une fraude électorale, les faux jumeaux et derniers-nés disparaissent. Enlevés par des extraterrestres, prétend l’aîné qui part à leur recherche, entraînant le second avide d’aventure. Parallèlement des Polonais font construire à côté une maison somptueuse, prélude au lotissement de la colline et à l’expulsion de la famille au profit d’un projet immobilier juteux… Ce roman de Juan Pablo Villalobos est dans la verve du précédent (Dans le terrier du lapin blanc, NB décembre 2011). Le narrateur est le cadet (quatorze ans) qui porte un regard critique sur son environnement : portrait au vitriol des parents et de la fratrie affublée pompeusement de prénoms grecs ; satire du monde politique et du Parti Révolutionnaire Institutionnel, vus du petit écran ou de la rue ; constat concret d’une société inégalitaire et injuste. Pour les pauvres restent la religion et son clergé calamiteux ou la fuite dans le rêve, à l’image de la dernière scène délirante. Un livre allusif, cocasse, d’un humour décapant et d’une dérision jubilatoire.
Si nous vivions dans un endroit normal
VILLALOBOS Juan Pablo