Si tous les dieux nous abandonnent

DELPERDANGE Patrick

Sur une petite route de campagne, Céline, enceinte d’un viol, épuisée, est en fuite. Le vieux Léopold la recueille dans sa maison habitée de fantômes. Josselin fantasme sur la jolie fille. Chacun des trois prend la parole à tour de rôle. Lorsque la jeune femme, mordue par un molosse, le blesse à coup de bâtons, la violence de son maître, le frère de Josselin, leur fait peur ; ils doivent partir. Dramatique équipée, mauvaises rencontres ; le vieil homme est mourant, la pluie tombe en rafales.  La belle écriture de Patrick Delperdange (Julien d’Ombres, NB mars 2005), directe, populaire, crue parfois, est parfaitement adaptée à ces gens simples, au naïf bon sens, poursuivis par la malchance. L’empathie joue à fond, on se prend à croire à ces destins qui s’enchaînent inexorablement les uns aux autres. L’histoire s’incarne, elle semble réelle. Tout est sombre, le décor, la boue, le village qui se meurt, la violence en toile de fond, la méchanceté des on-dit, mais jamais le récit ne s’enlise dans la désespérance. Un roman noir, un roman dur, très bien construit en courts chapitres d’un réalisme prenant. (V.M. et A.Be.)