Siamoises

Tout bascule pour les deux soeurs après la mort brutale de leur père. La cadette, qui s’est glissée dans la chambre mortuaire, a vu la thanatopractrice redonner des couleurs à son père ; elle est séduite par le métier. La mère refait sa vie avec un psychiatre qui adopte les enfants et persuade l’aînée de faire des études de médecine. Un événement trouble entre les filles et leur beau-père amorce une spirale qui mènera aux confins de la folie. Voici, magistralement mené, un thriller psychologique qui prend pour ressort la psychiatrie. Le style très économe, parfois squelettique, où chaque mot pèse son poids d’évocation, est d’une redoutable efficacité. En de courts chapitres, les voix alternées des deux soeurs tissent leur histoire, dans les grisailles de Paris ou dans les capiteux exotismes du Maghreb et de l’Andalousie, tout en évoquant les relations fusionnelles qu’elles ont entretenues avec leur père et qu’elles prolongent au sein de leur fratrie. Les deux auteurs (Alger sans Mozart, NB septembre 2012), dont la collaboration est parfaitement huilée, sèment juste ce qu’il faut d’indices pour lever progressivement le voile et ménager le suspense. Effet de surprise garanti.