À Genève, une Organisation secrète, Sigma, s’inquiète : un tableau du peintre subversif décédé, Konrad Kessler, menace de refaire surface. Il ne faudrait pas qu’il perturbe les rouages soigneusement huilés de la société suisse. L’Organisation dépêche un agent auprès d’Alexis Zante, banquier en crise existentielle, qui semble au centre de cette résurgence. Sont déjà sous surveillance la galeriste qui souhaite monter la rétrospective des oeuvres de Kessler, son mari, neurobiologiste qui milite pour l’égalité homme-femme de l’orgasme, et la soeur de celle-là, actrice en pleine gloire. Spécialiste d’univers atypiques, Julia Deck (Le triangle d’hiver, NB octobre 2014), d’un ton léger et volontiers ironique, procède à une satire féroce des milieux artistiques, de la bourgeoisie d’affaires et de la famille. Présenté sous forme de comptes rendus détaillés rédigés par les différents agents de Sigma, et des réponses, fermes et laconiques, de celle-ci, le roman ressemble à un puzzle digressif qui se met en place autour du tableau disparu. Les personnages, cyniques, pathétiques, ridicules et parfois attachants, se manipulent les uns les autres avec plus ou moins de succès. Ludique et savoureuse, la critique sociale pétille de pertinence. (M.D. et C.B.)
Sigma
DECK Julia