Simone Veil l’immortelle

BRESSON Pascal, DUPHOT Hervé

Démarrant en 1974 avec la préparation du vote de la loi sur l’avortement pendant laquelle Simone Veil fût en proie à une vive opposition d’une partie de la société et des députés qui pour certains vont utiliser des arguments honteux et abjects notamment en évoquant les camps de la mort où elle fût déportée. La BD alterne les périodes de combat politique, de souvenirs d’enfance à Nice, d’évocations de son internement en camps de concentration où Simone Jacob devient le numéro 78651 niant ainsi son existence en tant qu’être humain. Elle, qui veut par sa loi, éviter la mort de 2500 femmes par an et la mutilation d’un grand nombre d’autres, a vu, avec sa sœur, sa mère mourir au camp de Bergen-Belsen. Les auteurs utilisent intelligemment les alternances des différentes tranches de vie de Simone Veil avec toujours un grand réalisme et une pudeur évitant tout sensationnalisme pour rester dans le factuel nous mettant face à une réalité souvent violente. La fin de l’album reprenant le fil chronologique évoque avec beaucoup d’émotion l’intronisation au sein de l’académie française portée par le discours de Jean d’Ormesson rappelant la figure singulière et unique qu’est devenue Simone Veil qui repose dorénavant avec son mari au Panthéon

On savait Simone Veil brillante, opiniâtre, d’une intelligence vive et habitée d’une profonde humanité, c’est ce que cette BD nous rappelle avec talent et pudeur. Dans une période où l’échelle des valeurs est chamboulée et où des égos suffisants font leur propre promotion parfois de manière nauséabonde à des fins politiques ou personnelles, il est urgent de lire cette BD pour se rappeler ce qu’est l’altruisme, l’intégrité intellectuelle, la résilience, le courage et la puissance d’une détermination forte appliquée à une vision ambitieuse de la société. 

PD-MT