Normalienne, enseignante, philosophe, ouvrière chez Renault, proche des républicains espagnols en 1936, mystique, morte de privations volontaires et de tuberculose à trente-quatre ans, Simone Weil (1909-1943) aurait cent ans cette année. L’intense et courte trajectoire de cet esprit hors pair se devait d’inspirer plusieurs biographies. Après celles de Laure Adler et de Martin Steffens, celle de Christiane Rancé est ambitieuse – « une mise en acte héroïque de ses pensées » : une biographie intellectuelle donc. L’auteure, pour rendre cet itinéraire ardent fait de douleur, de raison et d’extase, s’essaye elle- même au genre ardent et extatique. Mais par une sorte de mimétisme sur le mode mineur, elle ne fait que sautiller, s’enflammer, s’exalter, paraphrasant l’oeuvre plus qu’elle ne la commente, pour livrer un récit documenté mais confus, tout en superlatifs, sur un itinéraire complexe où les repères bibliographiques indispensables deviennent difficilement identifiables, où sont inexorablement abrasées les inflexions significatives d’une pensée de génie.
Simone Weil : le courage de l’impossible
RANCÉ Christiane