Chourik, né en 1954, vit avec sa mère et sa grand-mère, une maîtresse femme qui parle plusieurs langues, notamment le français. Alors que le moment est venu pour lui d’entrer à l’université et de faire honneur à sa grand-mère, elle meurt subitement. Chourik, qui avait toujours aimé être un gentil garçon, s’empresse auprès de sa mère désemparée. Si attentif, si serviable, il attire des coeurs de tous âges, surtout ceux qui ont besoin de consolation. Et Chourik, qui s’était rendu compte que la pitié était l’élément moteur de son désir physique, devient un Don Juan malgré lui. Les années s’égrènent ainsi jusqu’à ses trente ans, entre mère et conquêtes, interprétariat et traductions, dans le Moscou des années Brejnev.
Précieuse Ludmila Oulitskaïa, si clairvoyante pour comprendre les mobiles des actions humaines ! Avec elle, l’intérêt ne faiblit jamais. Les personnages sont chaleureux, affairés, chacun a une histoire. Les corps se réjouissent et les âmes ont leur chant. Il règne dans ce roman très vivant une gaîté de bon aloi et autant d’humanisme que dans Le cas du docteur Koukotski (N.B. août-sept. 2003).