So long, Luise

Écrivain réputé, elle est contrainte par l’âge de rédiger la version ultime de son testament, maintes fois remanié. Elle y réserve les acquis de sa production littéraire à Luise la compagne tant aimée de cinquante ans de vie commune. Elle voit là l’occasion de lui dédier le récit des événements rêvés ou inventés qui auraient pu meubler cette vie. Liées par un amour durable et profond, elles partagent une extraordinaire joie de vivre et un accord total avec une nature animiste qui les ont menées de fêtes extravagantes en voyages rocambolesques dans les paysages brumeux d’Irlande et d’Écosse, au pays des elfes et des lutins.

À la fois dionysiaque et élégiaque, le texte par lequel l’auteur saisit la vie à bras le corps constitue un formidable déni de la vieillesse. Elle exalte l’existence dans toutes ses jouissances et sa part d’imaginaire. Le temps est aboli, le temps personnel de la vie écoulée et le temps historique grâce à l’intimité avec les vieilles mythologies. L’écriture superbe, poétique, joyeuse, aux innombrables réminiscences littéraires et historiques, emporte sans résistance possible, dans ce trécit souvent difficile mais puissant et original.