Socrate dans la nuit

Philosophe et sociologue, Patrick Declerck a écrit un livre sur l’exclusion (Les naufragés : avec les clochards de Paris, NB janvier 2002). Atteint d’une tumeur au cerveau, il sait qu’il va mourir. Son livre est une réflexion sur sa vie et sa mort : « j’assiste à ma propre noyade » dit-il, claustrophobe de son corps malade. Il hurle son indignation et sa haine, cravachant sans pitié ceux qui, dans leur « moite, satisfaite et tranquille idiotie », vivent et ne le méritent pas. Lui, le pur esprit, devra partir. Seules la littérature et la philosophie lui permettent d’échapper à ce cercueil de l’âme. Il cite Nietzsche : « Nous avons l’art pour ne pas mourir de la vérité », et en pointillé, d’une écriture violente et souvent malsaine, il apporte quelques belles citations sur la vie et la mort. Son esprit reste vif, brillant, ironique, mais amer, aigri, suffisant. L’écriture est incisive, mais sombre, l’homme se noie et ne le pardonne pas. Seule l’évocation de sa fille à qui il dédie ce livre apporte un peu de douceur et de repos dans la lecture.