Soif

NOTHOMB Amélie

Jésus vient d’être arrêté et assiste, désarmé, à son procès. Les miraculés, au lieu de le soutenir, l’accablent. Ponce Pilate lui accorde une ultime nuit avant la cruelle et infamante crucifixion. Face à la mort, le Christ ne cache pas sa peur de la souffrance puis raconte chaque étape de son épouvantable calvaire, soutenu par l’amour de Marie-Madeleine et de sa mère.  

Amélie Nothomb (Les prénoms épicènes, NB novembre 2018) propose un nouvel Évangile en rapportant le monologue intérieur d’un Christ soucieux de « corriger » les récits des Apôtres. Jésus se veut pleinement humain et célèbre en épicurien tous les plaisirs des sens que permet l’incarnation. Il ne recule pas devant le blasphème et remet en question certains dogmes, comme la Rédemption. Ce Christ humaniste et amoureux rejette avec force le culte du martyre et se désole de savoir que la postérité vénérera un sacrifice que rien ne justifie. Ce roman très inspiré exalte la figure d’un Christ bienveillant et humble mais aussi iconoclaste. L’auteure propose une définition séduisante de la foi, en filant la métaphore de la Soif, à une époque où le mysticisme se confond parfois avec le fanatisme.  (A.K. et A.-M.D.)