À 14 ans, l’espace d’un été, Tatiana tombe passionnément amoureuse d’Eugène, un ami du copain de sa soeur, Lensky. Mais du haut de ses 17 ans, Eugène professe une vision de la vie désabusée et définitive. L’amour, il n’y croit pas et, pour leur bien, il l’explique à Tatiana et le démontre à Lensky. Dix ans plus tard, Tatiana et Eugène se croisent par hasard dans le métro. Surprise, leurs coeurs battent encore l’un pour l’autre. Peuvent-ils reprendre et corriger leur histoire inachevée ? Adapter Eugène Onéguine pour en faire une étude de moeurs drôle et actuelle, rédigée en vers libres, voilà une sacrée gageure ! Avec aplomb, Clémentine Beauvais ne se refuse aucune liberté, intervenant comme il lui chante dans son récit, et réussit une comédie romantique moderne et pétillante. La forme, surprenante au premier abord, épouse le fond avec une pertinence qui s’impose naturellement. Typographie, disposition du texte, références, ruptures de registre, permettent des nuances et des modulations tout en vivacité et légèreté. La construction en retours en arrière, assez classique, concourt à maintenir la tension. L’exploration des sentiments est d’une belle justesse, depuis les frémissements adolescents jusqu’aux hésitations adultes, et le tout est porté par un humour et une ironie délicieux. (M.D. et A.-M.R. )
Songe à la douceur
BEAUVAIS Clémentine