Instants minuscules et souvenirs d’enfance, ces douze écrits évoquent le Henan (Chine du nord), les paysans pauvres et solidaires, enfin le courageux père de Yan Lianke. Cultivateur tenace et laborieux, celui-ci usa sa santé pour nourrir sa famille et bâtir sa maison. Vingt-cinq ans plus tard, le remords taraude le fils qui a fui misère et terre natale. Grâce à cet être exemplaire, il peut mieux se connaître lui-même, envisager d’être inhumé près de lui. Derrière l’aventure intérieure mêlée d’autocritique, les contraintes du régime communiste sont discrètement présentes. Lyrisme et émotion se dégagent de cette confession en demi-teinte où percent nostalgie et inquiétude. Les ouvrages précédents de cet écrivain reconnu et censuré étaient plus virulents (Bons baisers de Lénine, NB décembre 2009). Approfondissant sa réflexion sur les liens familiaux et l’amour de la terre, Yan Lianke se livre davantage par ces anecdotes rédigées dans une prose poétique, tout en subtilité et en finesse.
Songeant à mon père
YAN Lianke