Depuis plus de vingt ans qu’il vit dans la vallée, Alex n’est jamais remonté dans la montagne de son enfance, sur le lieu du drame, l’été de ses onze ans. Relié à la réalité par son quotidien de barman, il reste cependant prisonnier de sa mémoire : celle à laquelle il se heurte et qui retient les clés de son traumatisme ; celle qui s’imprègne de tout et que Maggy, la capitaine de police, utilise pour ses investigations. Entre elle et la psycholinguiste qui tente de faire resurgir ses souvenirs, Alex va choisir celle qui va l’accompagner dans son voyage à rebours, à la source de ses blessures.
Le passé a besoin de temps. Ici, les mots ont un poids et les phrases leur propre cheminement. Elles s’évadent parfois pour revenir, obsessionnelles comme des mantras, griffer le souvenir. Le talent de l’auteur de L’Ordre des jours (NB octobre 2008) est aussi dans l’ordonnancement du temps et les pensées qui bifurquent convergent toutes vers le même épilogue affûté. S’échappe de cet ouvrage un vrai parfum d’humanité qui se déploie avec patience.