Dans le paisible Grand-Duché d’Épone, l’automne s’annonce chargé, difficile même pour quelques-uns. Un écrivain vedette espère retrouver l’inspiration en cohabitant avec un des réfugiés qui parviennent à franchir la frontière. Un groupe de jeunes universitaires, ardemment anticapitalistes, travaillent un texte définitif à proposer à leur maître à penser. Une jeune femme tente de maintenir ensemble carrière, amant et vie de famille. Un Slovène et une employée de maison également étrangère rapprochent leurs destins incertains …
Belge, enseignante à l’École Normale Supérieure, Diane Meur (La carte des Mendelssohn, Les Notes juin 2015) utilise avec malice et virtuosité sa connaissance des milieux intellectuels français et de la jeunesse étudiante pour construire une brillante utopie, aisément transposable dans notre actualité. La recherche collective élaborée par les personnages résumerait l’état d’esprit général : la civilisation d’aujourd’hui est marchande, ultralibéraliste ; elle vise à former des consommateurs en diffusant des injonctions implicites jamais clairement formulées. Ce faisant, ce système pervers déprave, avilit, insensibilise, invite à la compétition et à la comparaison alors que l’afflux des réfugiés souligne sa fragilité. Cette analyse sévère n’affecte pourtant guère les personnages. Leurs passions, leurs amitiés, leur compassion, traduites avec subtilité, forment la trame vivante. (M.W. et A.Lec.)
Sous le ciel des hommes
MEUR Diane