Au 18 de la rue, sur trois niveaux, vit une famille : au rez-de-chaussée, le vieux ; au premier, son fils, Nabucco et sa femme, professeur de chant ; dans la mansarde, au-dessus, la fille du vieux, présentatrice ; en bas, à côté de la cuisine, le cagibi de la couturière. C’est l’hiver, au sortir duquel ils seront expulsés. Le chat observe… Narrateur hors norme, le chat commente les réactions de chacun au chamboulement annoncé : tous éludent l’événement en se réfugiant dans de menues préoccupations quotidiennes pour éviter de voir leur univers partir à vau l’eau. Un huis clos familial déroutant, touchant et drôle à la fois. Les personnages se dessinent au gré des postures adoptées jusqu’au bouquet final du repas de Noël où, comme dans un jeu de rôles, on fait ses adieux à la maison. Le choix narratif du chat, voix off, à la pupille réceptive et expressive, ajoute une distance ironique au récit : il est l’âme du lieu, omniscient, démiurge. De là, l’étrange poésie de ce texte libéré des contraintes de la vraisemblance : riche de la palette sensorielle associée au félin, il nous promène en funambule entre rêve et réalité. (C.B et A.M.D)
Sous l’oeil du chat
FELDER Anna