Le prince Lvov est né en sainte Russie en 1867, dans une famille d’aristocrates cultivés, ouverts et ardemment patriotes. En 1923, il revit ses souvenirs d’enfance et d’adolescence dans un monde depuis disparu, ce qui ajoute une tragique résonance à ce texte naïvement idyllique. À Moscou ou dans le manoir de campagne, la vie de l’enfant s’écoule dans une simplicité rustique, au milieu de serviteurs dévoués et de décors et paysages aimés, détaillés plus de quarante ans plus tard avec une ferveur minutieuse, à peine ternie par le souvenir déplaisant d’un précepteur grincheux, athée et révolutionnaire. Les parents, beaux, sensibles, admirables, dispensent tendresse et sécurité et les visites des cousins sont des fêtes. La cousine, surtout, adolescente idéaliste et originale, partage jeux et secrets jusqu’à ce qu’elle s’engage en 1877 comme infirmière dans la guerre contre les Turcs. Elle y meurt rapidement du typhus et ce deuil marque pour le héros la fin de l’enfance. Tout cela, sur le mode mineur, baigne dans une atmosphère bien russe, faite d’exaltation, de religiosité et d’amour de la nature.
Souvenirs d’antan
LVOV Nikolaï