Le Shaolin cowboy traverse un dĂ©sert sans fin Ă dos dâune mule douĂ©e de parole, particuliĂšrement bavarde et un poil philosophe, lorsquâil tombe dans le guet-apens du Roi Crabe et de ses trĂšs, trĂšs, trĂšs nombreux hommes de main. Le Roi Crabe est vraiment un crustacĂ© dont la famille a Ă©tĂ© dĂ©vorĂ©e malencontreusement sur un plateau de fruit de mer par notre hĂ©ros. Le mollusque Ă carapace, qui aime bien papoter aussi, est allĂ© sâentraĂźner auprĂšs des plus grands MaĂźtres de Kung Fu pour affronter notre cavalier. Un combat dâune rare intensitĂ© dont les adversaires toujours plus nombreux et inattendus sâengage contre le Shaolin Cowboy, expert en arts martiaux, qui en a vu dâautres.
Cette Ćuvre dans une Ă©dition de prestige sur papier glacĂ© est une vraie claque graphique et scĂ©naristique. Le dessin extraordinaire est un croisement de Moebius, pour la ligne Ă©purĂ©e dans ce dĂ©sert colorĂ©, et de Boucq pour la violence et les portraits rĂ©alistes. Le scĂ©nario rappelle les dialogues de Tarantino dans une ambiance de sĂ©rie B avec beaucoup dâhumour, des jeux de mots pourris et des tonnes de situations dĂ©calĂ©es ou anachroniques. Le dĂ©coupage est insolite, certaines doubles planches pourraient ĂȘtre des cases, les plans larges sâĂ©tirent et les combats sont aussi interminables quâĂ©piques. Le Shaolin cowboy tranche, dĂ©chire, pulvĂ©rise, dĂ©cime une horde de junkies, de zombies, et de requins envoĂ»tĂ©s, avec le gĂ©nie de son auteur qui nâa pas Ă©tĂ© le story-boarder de Matrix pour rien. Les combats peuvent paraĂźtre invraisemblablement longs, mais on plonge dans cette bande dessinĂ©e comme dans une flaque de LSD concentrĂ© : au dĂ©but on sâĂ©tonne de chaque dĂ©tail et on rit de tout puis on se noie, on boit la tasse et le dĂ©lire sâamplifie et repousse encore plus loin les limites de lâimagination de ce western pas comme les autres. Certains invoqueront lâoverdoseâŠ