Atara vit à Haïfa avec Alex qu’elle a épousé en secondes noces. Elle est spécialiste de la conservation du patrimoine immobilier, il est enseignant retraité. Ils ont chacun un enfant d’un premier mariage, et un fils chéri en commun, engagé dans l’armée. Le couple s’adore mais ne cesse de s’accrocher. Quand son père mourant, spécialiste des neurosciences, apprend à Atara qu’il a aimé Rachel avant 1948, elle prend la route pour la connaître. Mais ce jour-là, Alex est emmené par leur fils aux urgences dans un état inquiétant…
Autrice israélienne (Ce qui reste de nos vies, Les Notes septembre 2014), Zeruya Shalev est une fine analyste de la complexité des âmes et de son pays. Stupeur s’insère dans l’histoire d’Israël, depuis les Sionistes qui ont combattu les Anglais occupant la Palestine, puis les conflits opposant Juifs et Arabes après la création de l’État d’Israël, jusqu’à la colonisation des territoires occupés. Les clivages sociétaux créent des tensions au sein des familles qui comptent des athées et Juifs pratiquants, des ultra-orthodoxes ou modérés, des Musulmans… extrêmes inconciliables. Dans ce cadre se rencontrent deux femmes dont les voix alternent. Sur l’une, âgée, pèsent un lourd passé et le secret autour de son engagement politique intense. L’autre, la cinquantaine, est aux prises avec un épineux présent : l’envol des enfants et la disparition culpabilisante d’un être aimé. Une longue plongée poignante, âpre, mais terriblement humaine, dans le cœur féminin pris dans la tourmente de l’amour, du couple difficile, de la maternité rayonnante mais aveugle, du deuil enfin. (L.G. et A.Le.)