Suisen

SHIMAZAKI Aki

À Nagoya, Goro, la cinquantaine, président d’une société familiale, est marié et père de deux grands enfants. Très mondain, il sort avec ses clients et surtout avec deux maîtresses dont l’une est une superbe actrice. Sa réussite semble complète. Or, soudain tout bascule, ses enfants ne font pas les études souhaitées, ses maîtresses le congédient et sa belle-mère l’exclut de la présidence. Bientôt sa femme refuse ses trahisons et demande le divorce. Plongé dans le désespoir, il revit son enfance orpheline…    Renouant avec l’évocation pessimiste d’une société japonaise contemporaine qui broie ses citoyens, l’auteur (Hôzuki, NB octobre 2016) relève cependant des évolutions vers la modernité. Les enfants ou les femmes ne supportent plus certaines situations traditionnelles et injustes. Échecs amoureux et professionnels entament l’assurance acquise péniblement. La peinture de l’égoïsme masculin est pimentée d’une pointe de satire. L’analyse psychologique d’une existence bouleversée par une grave fêlure infantile, suivie de l’effondrement des certitudes est habilement illustrée en de courtes phrases. Écrivant en français et résidant à Montréal, Aki Shimazaki possède le recul indispensable pour analyser son ancienne patrie. Un contexte inhabituel, des dialogues vivants, un ton juste font de ce très court roman une réussite. (S.La. et B.Bo.)