Égaré dans le dédale des ruelles de Jérusalem, Robert regrette amèrement d’avoir accepté le voyage organisé qui lui a été offert pour son cinquantième anniversaire. Réservé, discret, inapte à la vie de groupe, il s’ennuie auprès de ces personnes qu’il ne connaît pas. Plus encore après avoir croisé sur la Via Dolorosa une femme dont le visage lui rappelle Madeleine, qu’il a aimée dans sa jeunesse. Il n’aspire plus alors qu’à s’immerger dans la vague des souvenirs de l’été 1969 provoquée par cette rencontre.
À partir d’une très brève passion amoureuse brusquement brisée, et somme toute banale, le narrateur fait un retour sur son chemin de vie et s’interroge sur sa solitude choisie. De courts chapitres alternent entre le présent immédiat dans la ville sainte, le passé lointain de l’enfance orpheline, les années d’études, et celles, plus proches, de sa vie feutrée de libraire à Bar-sur-Aube. Jean Mattern (Une vue exceptionnelle, Les Notes août 2019) n’évite pas quelques redites, mais l’écriture et le fond sont délicats. Finesse et sensibilité traversent notamment les pages qui évoquent l’amitié, ou la force consolante de la musique. Une introspection attachante, qui ne manque ni de profondeur ni de légèreté. (P.H. et A.Be.)