Superman incarne l’archétype de l’homme arabe, dominateur, à qui la femme doit être soumise. Mais la misogynie perdure aussi en Israël et en Occident. Car les trois religions monothéistes ont imposé des concepts patriarcaux et intolérants. Dieu, mariage et machisme sont de désastreuses inventions. La femme passive devient son propre ennemi, alors qu’elle devrait participer aux instances politiques, conquérir son indépendance financière et en convaincre ses enfants. Joumana Haddad avait déjà exprimé ces idées dans J’ai tué Schérazade (NB octobre 2010). Elle les complète ici dans un véritable cri de rage contre la domination masculine et la religion. Le ton est toujours très intimiste, le récit de ses propres expériences vécues se mêle à réflexions et conseils, et reste fantaisiste (chaque chapitre commence par une citation et un poème), ironique, résolument libre, parfois très cru. Venant d’une Libanaise féministe et athée à l’heure où le printemps arabe risque d’être confisqué par les islamistes, ce plaidoyer égalitaire, malgré ses outrances, est salutaire.
Superman est arabe : de Dieu, du mariage, des machos et autres désastreuses inventions
HADDAD Joumana