L’île offre ses deux visages sur les pages de garde: avant, quand elle était vierge de toute pollution, après quand elle est devenue un dépotoir de détritus. Un oiseau, dont on ne découvre pas immédiatement l’identité, raconte comment s’est constituée l’île de détritus sur laquelle il habite. Elle est issue de tous les déchets de plastique jetés par les hommes et qui se retrouvent dans la mer. Il parle de ses amis migrateurs, surpris par ce nouvel environnement, qui leur est parfois fatal. De plus, les poissons dont ils se nourrissent semblent disparaître. L’album montre frontalement la pollution engendrée par la surconsommation humaine, et la négligence à l’égard de l’environnement, malgré quelques actions de nettoyage ponctuelles. Le constat est sombre, et l’image amplifie l’impression d’invasion en saturant les doubles pages de déchets gris, ponctués de menus détails colorés. Les oiseaux duveteux y apparaissent fragiles et menacés. L’illustration, graphique et maîtrisée, est (paradoxalement) magnifique, mais le propos n’offre quasi aucun espoir. Un ouvrage aussi beau qu’inquiétant, pour faire réagir les consciences. (M.-C.D. et M.D.))
Sur mon île
LEE Myung-Ae