Depuis l’arrestation, en 1936, des musiciens juifs de son groupe, Wilhelm Dussander a cessé de composer. Mais à Berlin, en 1942, Goebbels, ministre de la Propagande, le charge de créer un orchestre de « musique de danse accentuée rythmiquement » pour concurrencer le jazz, évidemment interdit. Quatre garçons sont retenus, le dernier imposé pour son profil de jeune hitlérien. Un double défi à relever pour leur maître et pour eux : constituer un quatuor de qualité, et accepter ou non leur rôle officiel.
En évoquant le dévoiement de la culture par le nazisme, Christophe Lambert rend compte de l’Histoire. Sur ce fond bien documenté, il construit une intrigue qui tient en haleine : le groupe n’a pas droit à l’échec, encore moins à la transgression. Les péripéties naissent de ce ressort dramatique, mais aussi de la diversité psychologique des personnages pour qui l’expérience musicale devient apprentissage de la vie. Le roman parle aussi de responsabilité : celle du maître à l’égard de garçons confiants. Il traite enfin de l’impossible neutralité de l’artiste dans la tourmente politique. Avec sobriété, sans manichéisme, il offre une belle occasion de réfléchir et de comprendre.