Patrick Deville (Viva, NB octobre 2014) grandit à Saint-Brévin dans un hôpital psychiatrique où il se lie d’amitié avec un « fondu » qui psalmodie toute la journée Taba-Taba et dont le souvenir l’accompagnera toute sa vie. À la soixantaine, il poursuit ses recherches historiques et familiales en consultant un siècle d’archives soigneusement conservées par sa tante.
Depuis son aïeule née au Caire en 1858, Patrick Deville déroule le temps et décrit patiemment les faits qui conduisent la maisonnée à s’établir à Soissons d’où l’exode, lors de la seconde guerre mondiale, la conduit dans le midi. Cette longue partie du roman lui permet de dresser un portrait tendre et respectueux du courage, de la résignation et de la persévérance de ces Français pris dans les tourments de l’Histoire. Ce globe-trotter invite à un voyage dans le passé jusqu’à l’attentat de Charlie Hebdo, nouant dans le même instant le souvenir d’une chambre d’hôtel à Mexico, celui d’un grand-père gymnaste et Antonin Artaud. Porté par une narration luxuriante, émaillée d’innombrables digressions, le lecteur se laisse entraîner dans ce pèlerinage et s’émeut à l’évocation de fantômes, célèbres ou anonymes. Un texte aussi dense qu’inoubliable que l’on quitte à regret. (M.R. et V.M.)
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