Tabou

SCHIRACH Ferdinand von

Un château bavarois délabré au milieu des forêts, un père aussi aristocratique qu’alcoolique, une mère qui court les concours hippiques… triste enfance pour Sebastian von Eschburg. Tourmenté, secret, il est doué d’une étonnante perception des couleurs. Après une chasse sanglante, son père se suicide, le château est vendu, la mère se remarie, Sebastian retourne au collège puis devient un photographe-plasticien célèbre, explorant son art jusqu’à la création de vidéos érotico-pornographiques. Sans qu’on sache qui est la victime, il est accusé d’enlèvement et de meurtre et demande à un avocat célèbre de le défendre.  Les chapitres courts accélèrent la narration, ajoutent des entrées. « Vert», la première partie, mélancolique, étrange, s’attarde sur l’enfance. « Rouge » et « Bleu » relatent le procès, campent procureur et avocat. « Blanc », en une page apaisante, termine le récit. Ferdinand von Schirach, écrivain connu, criminaliste allemand, exploite habilement la porosité entre le vrai et l’imaginé, entre réalité et apparences. Les brumes de la forêt bavaroise, le sombre château se superposent à la netteté lumineuse de la justice et des lois comme la photographie peut jouer avec la lumière et les images. Ce roman troublant, sorte de policier méditatif, se joue des codes habituels avec virtuosité. (M.W. et E.B.)